Six années de chantier intense pour nos équipes (en association avec Galère) s’achèvent dans la cité aux Cinq Clochers. Au terme d’opérations lourdes menées au coeur d’une ville historique, la traversée de Tournai par l’Escaut et donc parée pour la navigation des péniches de grand gabarit (2.000 tonnes). Retour en chiffres, dates et images sur ce chantier pharaonique de modernisation urbaine.

 

Dans le cadre du projet européen Seine-Escaut, la Wallonie s’est engagée à moderniser l’Escaut via la mise à gabarit à 2.000 tonnes de cet axe majeur de navigation reliant les ports de la mer du Nord et le futur canal Seine-Nord en France. En Wallonie, cette mise à gabarit implique un certain nombre de travaux, et notamment la modernisation de la traversée de Tournai, sur une longueur de près de 3.00 mètres. Les enjeux économiques et environnementaux sont considérables: il s’agissait de l’un des derniers goulets d’étranglement sur les 450 km de voies navigables wallonnes.

 

Phase 1: l’élargissement de l’Escaut

Entamée au printemps 2017, cette première phase des travaux se concentrait en rive droite. Il s’agissait des opérations d’élargissement du fleuve à proprement parler.

Sur 250 mètres, le fleuve a été élargi pour y permettre le passage en toute sécurité des péniche de classe Va (110 mètres de long pour 11,4 mètres de large). C’était l’une des parties les plus techniques de ce chantier d’envergure.

Le quai Saint-Brice formait un débordement de 4,3 mètres dans l’Escaut, rétrécissant le passage des bateaux. C’est ce goulet d’étranglement que les équipes ont rectifié, afin de porter la largeur de l’Escaut de 19 à 27 mètres.

Cette phase concernait également le remplacement du pont-à-Ponts, qui reposait sur une pile qui ne correspondait plus avec le profil du nouveau quai rétrécit.

L’ancien pont en béton armé a été scié en 8 colis différents grâce à un sciage précis. Ces morceaux ont évacué par la voie d’eau afin de miniser les nuisances lors de ces opérations spectaculaires  qui ont duré 14 heures consécutives. Six pelleteuses se sont ensuite attaquées aux piles et culées à un rythme intense.

Au total, près de 3.000 tonnes de béton ont été évacuées par voie d’eau afin d’être recyclées. Soit près de 100 camions qui n’ont pas dû emprunter les rues du centre-ville.

Quelques jours plus tard, le nouveau pont (60m X 15m, pour un poids de 430 tonnes) est arrivé par barge avant d’être soulevé dans les airs et délicatement posé.

Phases 2 et 3: la rénovation des quais

En plus de l’élargissement de l’Escaut, ce chantier constituait une opportunité exceptionnelle afin que Tournai, ses habitants et ses touristes se réapproprient le fleuve sur tout son tracé tournaisien.

Ainsi, les quais ont été rénovés en profondeur sur toute leur longueur. Ces travaux de voirie ont considérablement amélioré l’agrément des lieux et la sécurité des différents usagers. Quai Vifquin, quai du Luchet d’Antoing, quai Taille-Pierre, quai Poissonsceaux: autant d’espaces qui ont été embellis et repensés en profondeur. Quais, garde-corps, voirie, trottoirs, mobilier urbain, éclairage public,… tout a été remis à neuf avec, pour leitmotiv, la création d’espaces de vie conviviaux.

La pression automobile a été considérablement réduite (circulation, stationnement) à proximité de l’Escaut, augmentant d’autant l’attrait de ces lieux pour la promenade, mais aussi pour les habitants et les investissements immobiliers.

 

Phase 4: le Pont des Trous

Le Pont des Trous, c’est le monument emblématique de Tournai par excellence. Porte d’eau militaire érigée au Moyen-âge, l’ouvrage d’art a été totalement redessiné. Les piles de son ancienne arche centrale constituaient un goulet d’étranglement problématique sur le fleuve. De plus, les abords de l’édifice ne mettaient certainement pas ce dernier en valeur et n »invitaient pas à sa déouverte.

Le projet en phase 4 comportait deux axes majeurs: 

  • 1. La déconstruction de la partie centrale du Pont des Trous (trois arches et la coursive supérieure), la récupération d’un maximum de pierres et la reconstruction de cette partie en appliquant un élargissement de l’arche centrale.

Au total, 440 pierres ont pu être récupérée, retaillées et réutilisées dans la rénovation des tours.

Cet élargissement permet désormais la navigation en toute sécurité des péniches de grand gabarit.

  • 2. La requalification complète des abords. Le réaménagement complet des abords du Pont des Trous offre une mise en valeur totale de l’édifice. C’est tout un quartier qui a repris vie autour du fleuve et de sa porte d’eau, en lui rendant la place qu’il mérite au coeur des amé,agements urbains.

L’éclairage architectural mis en place permet de sublimer l’édifice, tout en rehaussant ses lignes.

Modernisé, le Pont des Trous est désormais lové au coeur d’un écrin unique qui ne lui fera plus honte. Un espace partagé, invitant à la détente au bord du fleuve…

 

Ce chantier, aussi technique qu’impressionnant à de nombreux moments, s’est révélé une formidable aventure. Des défis ont été relevés au quotidien grâce à l’implication, les compétences et le talent des équipes! Le génie humain, la ténacité et le courage ont permis de mener à bien ces travaux…

 

Le développement durable en point de mire

Dans le cadre de la réalisation de ce chantier de Modernisation de la traversée de Tournai par l’Escaut, une démarche pilote a été initiée à l’échelle de la Wallonie, qui intègre la réduction des émissions de CO2 dès le processus de sélection et d’attribution du marché public. Et dans la mise en oeuvre de ce dernier grâce au développement d’une application web d’encodage et de monitoring des émissions.

Ces données ont été encodées en temps réel par nos équipes, et sériées selon les différents flux et opérations sur le chantier: livraison des matières premières et évacuation des déchets, déplacements des équipes, mesures prises par nos fournisseurs pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre.

Le développement du transport par voir d’eau figure parmi les priorités de la Wallonie, parce qu’il favorise à la fois le développement économique tout en respectant l’envirionnement.

Par rapport à la route, le transport fluvial, c’est:

  • 3 fois moins d’émissions de CO2
  • 3 à 6 fois moins de carburant consommé
  • 45 fois moins de bruit
  • 100 à 300 fois plus sûr
Ces péniches, d'une capacité de 600 voitures, peuvent désormais naviguer sur l'Escaut.

Ces péniches, d’une capacité de 600 voitures, peuvent désormais naviguer sur l’Escaut.